La Bataille (Littérature Française)

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La Bataille (Littérature Française) Details

Au début des années 1830, Balzac travaille à un ouvrage : les Scènes de la vie militaire, scènes parmi lesquelles il place un récit, La Bataille. En décembre 1834, il en parle encore avec assurance. Il promet un tableau de Paris au commencement du XVème siècle, une histoire du temps de Louis XIII, et, toujours, cette fameuse Bataille dont il précise l'époque, en y ajoutant Vue de l'Empire, 1809. Quelle bataille ? Wagram ? Marengo ? Arcole ? Non, Essling. En 1833, il écrit à Madame Hanska : "Là, j'entreprends de vous initier à toutes les horreurs, à toutes les beautés d'un champ de bataille ; ma bataille, c'est Essling. Essling avec toutes ses conséquences. Il faut que, dans son fauteuil, un homme froid voie la campagne, les accidents de terrain, les masses d'hommes, les événement stratégiques, le Danube, les ponts, admire les détails et l'ensemble de cette lutte, entende l'artillerie, s'intéresse à ces mouvements d'échiquier, voie tout, sente, dans chaque articulation de ce grand corps, Napoléon, que je ne montrerai pas, ou que je laisserai voir le soir traversant dans une barque le Danube. Pas une tête de femme, des canons, des chevaux, deux armées, des uniformes ; à la première page, le canon gronde, il se tait à la dernière". Bousculé par mille personnages, mille sujets, Balzac ne nous donnera jamais sa Bataille. La voici, racontée avec talent par Patrick Rambaud. Il nous conte ces deux journées féroces et folles, qui laissent quarante mille morts dans les blés... Quel aventure ! Une fois le Danube franchi, un matin de mai, vous chevaucherez avec Lannes, Bessières et Masséna ; vous sentirez la chaleur des incendies, vous connaîtrez Lejeune et les états-majors... Un roman audacieux, dans la tourmente.

Reviews

Des souvenirs d??enfance sont remontés à travers cette lecture de « La bataille », récit des combats d??Essling entre l??armée napoléonienne et les autrichiens, près de Vienne. Non pas des souvenirs scolaires (le premier Empire étant fortement éludé), mais de lectures magnifiées comme celle des « Mémoires du Capitaine Coignet », à un âge où les noms des maréchaux et la succession des victoires font plus d??effet que les horreurs de la guerre, dont on perçoit l??abjection en grandissant.Souvenirs donc, mais pas précisément de cette bataille-là, véritable boucherie qui précède de deux mois la victoire napoléonienne de Wagram, à l??été 1809. Essling, c??est une bataille de position, autour de l??île Lobau, au bilan atroce : 40000 morts, 11000 mutilés ; sans résultat définitif, même si Napoléon doit temporairement se retirer et que l??archiduc Charles revendique la victoire. Cet affrontement préfigure les combats meurtriers des futurs conflits, dont ceux de la Première Guerre Mondiale.Le talent de Patrick Rambaud est de ne rien cacher de ces horreurs, tout en ravivant la « geste napoléonienne », ces conflits d??ego entre maréchaux, les déclarations à l??emporte-pièce que retient l??histoire, l??abnégation des chirurgiens d??empire, les instants de bravoure ou d??inconscience.Napoléon lui-même est peu mis en valeur. Il traverse le récit par petites touches, figure grincheuse et terne douée de fulgurances stratégiques.Les médecins sont en revanche à l??honneur, Percy, Larrey (« qui découpe tout ce qui dépasse, serait capable de vous amputer la tête »), et même Corvisart, venu spécialement de Paris pour prescrire à l??Empereur sa pommade contre l??eczéma.Je me suis aussi régalé des conflits d??égo entre maréchaux ; la moitié des stations de métro et boulevards de Paris défilent dans ce livre : Masséna, Berthier, Davout, Bessières, Lannes (qui perdra la vie à l??issue de cette bataille, amputé des deux jambes)?Masséna notamment semble perpétuellement défier la mort. Patrick Rambaud relate l??histoire de son écuyer, dont la tête est emportée par un boulet alors qu??il règle les étriers du maréchal.Napoléon s??amuse de cette réputation de trompe-la-mort. S??enquérant de son sort à l??issue d??une offensive :« - Et Masséna ? Il est mort ?- Je n??en sais rien, Sire.- Non, Masséna, ce n??est pas le genre. »Davout, dont les renforts sont continuellement attendus, en prend aussi pour son grade. Napoléon se confie à lui, après avoir opéré la jonction avec son corps d??armée :« - Davout, je hais le Danube comme vos soldats vous haïssent !- Dans ce cas, Sire, je plains le Danube. »Cet héroïsme d??actes et de paroles ne cache à aucun moment les horreurs de la bataille. La chair crue des chevaux morts mangée par les prisonniers, les cadavres jetés dans le Danube dont on boit l??eau, le tas de membres amputés sur lequel s??endort un soldat épuisé, l??agonie du maréchal Lannes, sont autant de scènes qui nous rappellent la réalité des événements.Un livre puissant, Goncourt 1997, celui que Balzac avait prévu d??écrire et qu??il n??a jamais réalisé.

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